QUESTIONS

1. Qu’est-ce que l'énurésie nocturne ?
2. Quelles sont les causes les plus courantes de l'énurésie nocturne ?
3. Approche énuresie nocturne: LE BON DIAGNOSTIC?
4. Approche énuresie nocturne: LE TRAITEMENT APPROPRIÉ?
5. Comment l'énu-réveil fonctionne-t-il
6. Pour qui l’énu-réveil est-il le traitement idéal
7. Énu-réveil ou médication

1. Qu’est-ce que l'énurésie nocturne ?

L'énurésie nocturne », le terme utilisé dans le jargon médical pour désigner le « pipi au lit », est décrite comme la vidange complète de la vessie durant la nuit (la miction inconsciente et involontaire durant le sommeil) chez les enfants de plus de cinq ans. En principe, l'enfant deviendra spontanément propre la nuit dès qu'il est déjà propre en journée depuis quelques mois. Jusqu'à l'âge de sept ans, il n’est pas inhabituel qu’un enfant mouille son lit ; selon le consensus courant, l'apprentissage thérapeutique de la propreté chez un enfant peut débuter dès l'âge de six ans environ.

Dans la pratique, on parle d’énurésie nocturne lorsqu'un enfant de cinq ans a mouillé son lit au moins deux fois par nuit au cours des trois derniers mois ou lorsqu'un enfant de sept ans ou plus mouille ses draps au moins une fois par mois. En l'absence d'autres affections ou symptômes (symptômes des voies urinaires basses ou dysfonctionnements de la vessie), on parle d'énurésie monosymptomatique. Les enfants qui présentent cette forme d'énurésie ne souffrent d'incontinence que la nuit.

Régulièrement, l'énurésie nocturne s'accompagne d'autres symptômes ; dans ce cas, on parle d'une énurésie non monosymptomatique. Souvent, les enfants qui présentent cette forme d'énurésie souffrent aussi d'incontinence urinaire en journée. Les symptômes les plus courants sont :

• Une fréquence de miction anormale (des envies fréquentes de « petits pipis » par ex.)
• L'incontinence urinaire en journée
• L'impériosité
• Le retardement de la miction
• Un jet d’urine faible
• La miction hachée
• La sensation d'une vidange incomplète de la vessie
• Des gouttes retardataires
• La miction douloureuse

On distingue par ailleurs deux formes d'énurésie nocturne :

1. L'énurésie nocturne primaire

L'enfant n'a jamais réussi à ne pas mouiller son lit pendant au moins six mois

2. L'énurésie nocturne secondaire

L'enfant a déjà connu une période de propreté d'au moins six mois et mouille à nouveau son lit. Souvent, ce sont le stress, l'angoisse ou la tristesse qui sont à l'origine du problème.

Nous savons par expérience que, sur une base annuelle, 2% en moyenne des enfants énurétiques deviennent spontanément propres. Les chances de devenir spontanément propre sont nettement moindres chez les enfants qui présentent une forme plus sévère d'énurésie. Chez les enfants énurétiques plus âgés, le risque de présenter une forme plus sévère est nettement plus élevé et il est aussi plus souvent question d'énurésie non monosymptomatique accompagnée de symptômes en journée.

On constate également une différence selon le sexe : les garçons souffrent jusqu’à deux fois plus d'énurésie nocturne que les filles, alors que ces dernières présentent nettement plus souvent des symptômes en journée. Enfin, un facteur héréditaire intervient aussi : si l’un des parents a lui-même souffert d'énurésie nocturne, il y a en moyenne un risque sur deux que l'enfant soit aussi énurétique, et si les deux parents l’étaient, le ratio passe à 3 sur 4.

2. Quelles sont les causes les plus courantes de l'énurésie nocturne ?

Il est souvent difficile de déterminer ce qui précisément provoque l'énurésie nocturne mais différents facteurs sont susceptibles de jouer un rôle. La majorité des enfants énurétiques se développent tout à fait normalement, hormis des troubles lors du remplissage ou de la vidange de la vessie, ou une combinaison des deux. Parmi les causes fréquentes, citons :

A. Les problèmes qui trouvent leur origine dans le remplissage de la vessie :

1. La capacité de la vessie

La vessie ne se développe pas au même rythme chez tous les enfants. Il se pourrait donc que la vessie de votre enfant soit trop petite pour son âge. Dans ce cas, la vessie n'est pas suffisamment tonique pour contenir l'urine et va pour ainsi dire « déborder ».

2.La vessie hyperactive

Lorsque le muscle de la vessie se contracte déjà lorsque celle-ci se remplit, en résultent une augmentation de l'impériosité, des mictions fréquentes et parfois des fuites urinaires

B.Les problèmes qui trouvent leur origine dans la vidange de la vessie:

1. Les perturbations hormonales

Tout le monde produit une hormone la nuit : l'hormone antidiurétique qui diminue la production d'urine. Lorsque l'organisme produit cette hormone en trop petite quantité, il produit trop d’urine, ce qui augmente la miction la nuit.

2. Les troubles mictionnels

La miction hachée survient surtout lorsqu'un enfant ne se détend pas assez lorsqu'il urine.

3. La vessie hypoactive

Un retardement extrême de la miction (souvent chez les filles) entraîne une fréquence de miction particulièrement faible, ce qui développe une vessie hypoactive. L'enfant doit alors fournir un effort de poussée et la vidange est souvent incomplète. Ce comportement provoque souvent des infections des voies urinaires.

3. Approche énuresie nocturne: LE BON DIAGNOSTIC?

Pour un traitement correct de l'énurésie nocturne, il est essentiel que le bon diagnostic soit posé. Si votre enfant mouille régulièrement son lit, il est toujours bon de consulter d'abord votre médecin traitant qui, sur la base d'un simple examen, pourra déjà exclure certains dysfonctionnements physiques et vous conseiller un plan d'action.

S'agit-il d'une énurésie monosymptomatique (votre enfant n'est incontinent que la nuit et ne présente aucun autre symptôme en journée) ? Dans ce cas, un bon entraînement aux réveils nocturnes suffira dans la majorité des cas à condition qu'il soit appliqué correctement.

En présence d'énurésie non monosymptomatique en revanche, le médecin proposera la thérapie la plus adaptée en fonction des symptômes précités. Certains enfants devront être renvoyés vers un centre spécialisé parce qu'ils sont susceptibles de présenter d'importants facteurs sous-jacents.

Afin que vous puissiez avoir une bonne vue d'ensemble de l’incontinence de votre enfant, il est bon de vous poser les questions suivantes, des informations qui seront d’ailleurs utiles si, dans une phase ultérieure, vous deviez consulter un médecin :

1) L'âge de l'enfant:

Si votre enfant n'a pas encore cinq ans, ce n’est pas nécessairement un problème si votre enfant fait pipi au lit ; à partir de sept ans en revanche il n'est probablement pas conseillé de partir du principe que le problème se réglera tout seul. Mieux vaut requérir un avis professionnel..

2) La fréquence de l'incontinence :

Essayez d'obtenir une vue d'ensemble de l'énurésie nocturne :

• Votre enfant a-t-il déjà connu une période de propreté d'au moins six mois (= énurésie secondaire) ? Si oui, le risque est réel qu’il y ait une cause sous-jacente et il est recommandé de consulter un médecin. 
• Combien de nuits par semaine votre enfant est-il incontinent ? S’il mouille son lit chaque nuit, il y a nettement moins de chances que l'énurésie s'arrête spontanément que s'il n'est incontinent que de temps en temps. 
• Combien de fois par nuit votre enfant mouille-t-il son lit ? Plusieurs épisodes d’incontinence par nuit pourraient par exemple être l'indication d'une vessie hyperactive
• À quelles heures de la nuit les « accidents » se produisent-ils ? On produit davantage d'urine au début de la nuit.
• - Essayez de déterminer la quantité d'urine de votre enfant la nuit (en pesant par exemple la couche le matin). Une grande quantité d'urine peut indiquer que votre enfant ne produit pas assez d'hormone antidiurétique tandis que de petites quantités peuvent révéler une vessie hyperactive.

3)Les habitudes quotidiennes d'hydratation :

• À quels moments de la journée votre enfant boit-il ? Il est conseillé de faire boire un enfant régulièrement. Ne l'empêchez pas de boire avant d'aller dormir..
• Quelle quantité de boissons votre enfant ingère-t-il et à quelle fréquence ?
• Que boit-il ? Surtout en soirée, il est plutôt déconseillé de boire des boissons rafraîchissantes très sucrées ou des produits laitiers car ceux-ci stimulent la production d'urine (comme le font certains aliments ou une activité sportive intensive !)

4) Les habitudes quotidiennes de miction :

• Votre enfant a-t-il l’habitude de se retenir ?
• Peut-être évite-t-il d'utiliser les toilettes de l'école (pour des raisons d'hygiène)?
• Arrive-t-il souvent à votre enfant de devoir faire pipi « d'urgence » ? 
• Votre enfant est-il propre en journée ?

Tous ces éléments peuvent indiquer la présence d'une cause sous-jacente.

4. Approche énuresie nocturne: LE TRAITEMENT APPROPRIÉ?

a) Orientations générales

Près d'un enfant énurétique sur six devient spontanément propre. Par les simples initiatives suivantes, vous pouvez apporter une aide efficace à votre enfant dans ce processus :

1. Expliquez-lui que beaucoup d'enfants font pipi au lit et qu'il n'y a aucune honte à avoir, ce n'est la faute de personne. En vous montrant compréhensif et compatissant, vous aiderez votre enfant à prendre confiance en lui.
2. Expliquez à votre enfant comment fonctionne sa vessie. Vous pouvez utiliser à cette fin le livre « Le petit fantôme » de Charco qui explique le fonctionnement de la vessie à l'aide de dessins attractifs et dans un langage adapté à l'enfant. Lui permettre de bien comprendre le fonctionnement l'amènera à augmenter sa confiance en lui, puis à croire davantage en la thérapie et donc parvenir à un meilleur résultat..
3. Quelques précautions à prendre :

• Encouragez votre enfant à aller faire pipi avant d'aller dormir
• Donnez-lui à boire régulièrement en journée (envisagez de lui donner une « montre vibrante » !)
• Faites-le faire pipi à intervalles réguliers en journée
• Apprenez à votre enfant à adopter une position « relâchée » lorsqu'il fait pipi
• Veillez à ce qu'il prenne le temps nécessaire pour uriner
• Apprenez-lui à ne pas se retenir
• Évitez les produits laitiers et les boissons rafraîchissantes le soir

b) L’énu-réveil

L’utilisation d’un énu-réveil est l'une des méthodes les plus efficaces comme traitement non médicamenteux de l'énurésie nocturne de type 4 (énurésie monosymptomatique), c'est-à-dire les enfants qui connaissent un épisode d'incontinence par nuit et ce après minuit. Le pourcentage de réussite auprès de cette catégorie d'enfants tourne autour de 85%. Un énu-réveil peut également être utile pour les types 1 à 3 s'il est intégré à une thérapie adéquate et encadrée. Le réveil fonctionne selon un principe très simple mais attention : tout dépend de son application. S'il est mal utilisé, l’énu-réveil peut être une expérience traumatisante pour un enfant !

5. Comment l'énu-réveil fonctionne-t-il ?

Le système comprend trois parties :

1. Le réveil
2. La culotte munie d'un détecteur
3. L'émetteur

En pratique, l’énu-réveil est très facile à utiliser. Le réveil est placé à une certaine distance du lit de l'enfant. Au lieu de porter une couche, l'enfant porte la culotte munie d'un détecteur. L'émetteur y est clipsé. Dès la moindre goutte d'urine, l'émetteur envoie un signal au réveil qui déclenche une alarme sonore. L'enfant se lève, pousse sur le bouton pour éteindre le réveil, va à la toilette et se recouche après avoir enfilé une culotte propre.

ATTENTION ! L’énu-réveil n’est qu’un dispositif destiné à aider votre enfant à devenir propre. La réussite ultime du traitement dépendra dans une grande mesure de la façon dont le réveil est utilisé : la différence entre une tentative éventuellement réussie et un entraînement réfléchi au pourcentage élevé de réussite résidera dans une mise en marche correcte, une bonne adhésion thérapeutique, une motivation suffisante des parents et de l'enfant et un bon suivi/accompagnement. L'utilisation de l’énu-réveil demandera tant aux parents qu’à l'enfant une bonne dose de temps, de dévouement et de sacrifice. Les premières semaines sont toujours les plus lourdes. Au fur et à mesure que le traitement réussira et que le nombre de nuits sans incident augmentera, la pression diminuera jusqu'à ce que l'enfant puisse totalement se passer du réveil au bout d'un certain temps.

6. Pour qui l’énu-réveil est-il le traitement idéal ?

En général, l’énu-réveil est un traitement très efficace chez les enfants souffrant d’énurésie monosymptomatique (propres en journée, pas d'autres indications). Diverses approches peuvent être conseillées selon le nombre de nuits par semaine que l'enfant fait pipi au lit, la capacité mesurée de la vessie et la production d'urine mesurée la nuit. .

Chez les enfants affectés d'énurésie non monosymptomatique (incontinence aussi en journée et présence d'autres troubles urinaires), la mise en place d’un traitement par énu-réveil doit toujours se faire en concertation avec le médecin. Celui-ci se penchera d'abord sur les problèmes de la vessie et analysera seulement ensuite le « pipi au lit ». Parfois, le médecin proposera d'abord un autre type de traitement (comme la thérapie TENS lorsque la capacité de la vessie est trop petite), en le combinant éventuellement à un traitement médicamenteux. .

L’énu-réveil peut également se révéler efficace chez les adolescents et les adultes. Souvent, ces catégories de personnes n'ont jamais entrepris d'actions (ou très peu) pour remédier à l'énurésie nocturne. Il est essentiel de connaître les antécédents de cette catégorie d’énurétiques et de refaire les examens éventuels. Pour le reste, les mêmes principes restent valables, si ce n'est que l'entraînement doit généralement être plus intensif.

7. Énu-réveil ou médication ?

Un énu-réveil se base sur le « conditionnement cognitif », c'est-à-dire que l'enfant apprend à « contrôler sa vessie ». Le but n'est pas d'apprendre à l'enfant à se réveiller pour aller faire pipi, mais bien de lui apprendre à dormir toute la nuit sans interruption ! Lorsque le processus d'apprentissage de la propreté se déroule normalement, un enfant devient continent sans se lever et dort toute la nuit. Dès qu'il est propre toutes les nuits depuis trois mois, il se lèvera de lui-même si une nuit il produit trop d'urine !!

Les principaux avantages de ce traitement sont les suivants :

• Il n'y a aucun effet secondaire
• C'est un traitement assez bon marché
• On enregistre généralement un taux élevé de réussite
• On obtient généralement un résultat dans les six à huit semaines
• Il y a très peu de rechute

Les principaux inconvénients sont les suivants:

• Le traitement peut être assez lourd, tant pour l'enfant que pour les parents
• Il ne convient pas à tous les enfants, surtout ceux qui sont incontinents en journée
• Il requiert une bonne adhésion au traitement

Dans certains cas, un traitement médicamenteux peut être utile voire indispensable, p. ex. lorsqu'un enfant produit trop peu d'hormone antidiurétique la nuit. Parmi les avantages de la médication :

• Une action rapide
• L’efficacité : il existe plusieurs types de médicaments adaptés aux divers dysfonctionnements

Les principaux inconvénients :

• Le coût : la prise de médicaments peut se révéler coûteuse
• Les effets secondaires : certains médicaments ont des effets secondaires considérables
• Lorsqu'on arrête la médication, le risque de rechute est élevé ; souvent, les médicaments n’ont pas d’effet « curatif

EN RESUMÉ

L'énurésie diurne et nocturne forme un problème socialement invalidant mais rarement insurmontable. Un bon traitement débute généralement par un bon diagnostic. Vous, parents, pouvez déjà prendre vous-mêmes un certain nombre de mesures pour commencer. La chronologie normale est la suivante : l'apprentissage de la propreté en journée vient en premier, puis ensuite la nuit. Il existe divers outils pratiques et traitements en fonction des symptômes que présente l'enfant :

• Une montre vibrante peut aider l'enfant à adopter de bonnes habitudes d'hydratation et de miction
• Une alarme de jour alerte l'enfant d’une fuite urinaire
• Une thérapie TENS peut aider pour certains dysfonctionnements de la vessie, comme une vessie hyperactive
• Une alarme de nuit est très efficace pour soigner l'énurésie nocturne

Il est indispensable d'adopter une attitude positive quels que soient le dispositif ou la méthode utilisés !